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Pour une répartition équitable des quotas de thon rouge

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Communiqué de presse / Zarzis le12 juillet 2017

Le quota alloué à la Tunisie pour la pêchedu thon rouge a connu une augmentation annuelle de 8%, passant de 1247 tonnes en 2015 à 1791 tonnes en 2017, soit une augmentation d’environ 544 tonnes représentant 43% du quota de 2015. Cette année, la pêche au thon rouge a été, exceptionnellement, arrêté avant la fin de la saison de pêche. En effet le quota alloué a été atteint par les navires industriels “thonier” qui sont les seuls à opérer pour ce type de pêche qui a un suivi par la Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l’Atlantique (ICCAT).

Pour rappel, notre pays a été engagé dans la Convention Internationale pour la Conservation des Thonidés de l’Atlantiquepar la loi n ° 66 de 1997 en date du 17 Octobre 1997. L’ICCAT, sur la base des études scientifiques des stocks de thon rouge, définit le quota annuel pour chaque pays en fonction des résultats scientifiques obtenus et en tenant compte de l’engagement de chaque pays à toutes les décisions régissant les activités de pêche.

Chaque Etat répartit son quota de pêche sur les navires opérant cette activité conformément à des critères fixés en concertation avec les professionnels. En dépit de l’utilisation de cette activité par des navires industriels, la majorité des pays méditerranéen alloue jusqu’à 20% de leurs quotas annuels établis par l’ICCAT au profit des pêcheurs à petite échelle utilisant des moyens de pêche sélectifs conservant ce stock commun entre les pays méditerranéens.

Après des années de restrictions, le thon rouge de pêche a enregistré une nette amélioration qui va directement au profit des navires industriels qui ont détruit l’ancien stock. Les petites barques ne sont pas responsables de la surpêche et de l’effondrement du stock, mais ils ont souffert d’une sévère gestion rigoureuse prise depuis 2010 afin de reconstituer le stock.

En Tunisie, l’approche de la répartition du quota entre les pêcheurs, adoptée depuis la fin des années 90, à discriminer entre les pêcheurs en écrasant les faibles. Cette approche se poursuit toujours de la même méthode approuvée par les anciens gestionnaires du ministère de l’Agriculture. Est-il concevable que tous les thoniers sont originaires d’une seule région de la Tunisie ?  Et privé les autres pêcheurs des avantages économiques de cette activité.

Ainsi seul 27 thoniers s’accaparent le quota de pêche de toute la Tunisie, privant ainsi le petits pêcheur d’un revenu supplémentaire qui pourra améliorer sa rentabilité qui s’affaibli d’une année à une autre.

Cette importante richesse qui génèrent au pays environ 45 millions de dinars chaque année ; est privatisée et interdite aux petits pêcheurs qui sont en mesure de se livrer à des activités maritimes, comme les autres pêcheurs des pays méditerranéens.

Le Réseau Tunisien de la Pêche Artisanale Durable dénonce l’absurdité de la manière de traiter ce dossier, en conservant la même approche de distinction entre les régions et en écrasant les petits pêcheurs.

Nous déplorons l’injustice de cette distribution et le statut de la privatisation de la richesse de tous les Tunisiens, au profit des industriels, privant ainsi la majorité des pêcheurs d’une ressource de leurs ancêtres qui l’ont exploité d’une manière sélective et sans rejets.

Le Réseau Tunisien de la Pêche Artisanale Durable exige :

  • l’attribution de l’augmentation enregistrée dans le total admissible des captures au profit des barques artisanales et la considéré comme un quota pour le développement économique et social au profit des catégories démunis,
  • Utiliser des critères objectifs pour l’attribution des quotas au profit des petites barques,
  • la distribution transparente des quotas sur tous les bateaux et faire participer le réseau dans toutes les sessions en tant que partie représentant la majorité des pêcheurs artisans,

Le Réseau Tunisien de la Pêche Artisanale Durable ne vise pas par ce communiqué à déclencher une guerre des « petits » contre les « gros », mais bien de faire prendre conscience à la profession, notamment à certains acteurs de cette pêcherie, et aux autorités décisionnaires, de la disproportion et de l’iniquité de la situation actuelle.C’est dans ce sens qu’un effort de rééquilibrage doit être engagé, dans l’intérêt de l’ensemble des pêcheurs professionnels et de la durabilité de leurs métiers.

Nous espérons donc que ce communiqué nous ouvre la porte au dialogue pour mettre la répartition des quotas de manière équitable dans les futures campagne de pêche, et que le gouvernement actuel écoute notre demande et organisera des séances d’écoute, afin de clarifier davantage notre point de vue et mettre un terme à l’exclusion sociale, qui affecte leur droit à une vie décente. Nous souhaitons également mettre fin à l’exclusion institutionnelle des structures représentants les pêcheurs.

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Naoufel Haddad
Activiste de la société civile depuis son jeune âge. Il est membre fondateur de plusieurs associations dans les domaines de l’agriculture numérique et la pêche artisanale. Il a reçu une formation universitaire en sciences halieutiques et Géomatique. Expert en gestion des ressources halieutiques, en particulier dans la cogestion des ressources la mise en place du VMS et l'aménagement des zones marines en récifs artificiels.